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US Avranches : Gilbert Guérin « Réduire notre budget de 20 % »

Confrontés à la crise économique, le président Gilbert Guérin et l'US Avranches vont revoir leur budget à la baisse. « Le National, ce championnat qui nous fait toujours rêver, n'est-il pas un leurre, s'interroge-t-il. Une fois que tu montes, il se passe quoi après ? » Jean-Louis Rault
Confrontés à la crise économique, le président Gilbert Guérin et l'US Avranches vont revoir leur budget à la baisse. « Le National, ce championnat qui nous fait toujours rêver, n'est-il pas un leurre, s'interroge-t-il. Une fois que tu montes, il se passe quoi après ? »© Jean-Louis Rault
Entretien

Quel bilan dressez-vous de cette saison ?

Il est forcément contrasté. L'ambition initiale était de faire mieux que la saison passée (Avranches avait terminé 3e). On n'y est pas parvenu. Un classement sur 3 matches ne reflète pas forcément la réalité. Un classement sur 34 journées, oui. Même si c'est frustrant, on doit être à notre place. Depuis toujours, on me dit que le travail paie. Cette saison, on a travaillé davantage et, à l'arrivée, on n'a pas été récompensés.

Cette fois, la Coupe de France ne vous a même pas permis de vibrer.

La Coupe, c'est le seul truc qui me fait rêver ! On restait sur quatre 32es de finale de suite. Face à Plabennec, on a échoué alors qu'on avait largement les moyens de passer.

En championnat, Avranches a longtemps produit du jeu sans parvenir à concrétiser et à gagner...

La clé de la réussite, dans le football, c'est l'efficacité. C'est ce qui nous a manqué pour figurer sur le podium, voire pour monter. C'est donc ce que l'on va essayer de corriger cet été. Le problème, c'est qu'il y aura moins d'argent dans les caisses.

« On ne va pas faire n'importe quoi »

Comme d'autres, l'US Avranches sera obligée de revoir son budget à la baisse ?

L'ambition, c'est de réduire notre budget de 20 % (il était d'environ 960 000 € cette saison). La France est en crise, l'Europe est en crise. Je ne vois pas pourquoi l'US Avranches serait épargnée. Présenter un budget d'un peu moins de 800 000 € serait déjà bien.

Financièrement, comment achevez-vous cette saison ?

On n'a pas de déficit parce qu'on a « mangé » de l'argent cette année. On avait un peu d'antériorité grâce à la Coupe de France mais cet argent, on ne pourra plus le dépenser la saison prochaine. Dans quelques jours, on passera devant la DNCG et on ira qu'une seule fois.

Le club doit-il davantage axer sa politique sur la formation des jeunes ?

Il ne faut surtout pas toucher aux jeunes. L'US Avranches est depuis longtemps un club formateur. Les U17 et U19 sont remontés au niveau national il y a 3 ans. Malheureusement, et c'est le principal échec de la saison, les U17 ne sont pas parvenus à se maintenir, malgré une dernière victoire il y a 10 jours. L'année prochaine, certains jeunes auront quatre années de national derrière eux. Ils devraient être aguerris. Les éducateurs sont convaincus que 3 ou 4 éléments auront bientôt le niveau CFA. À la rentrée, il faudra incorporer des jeunes en CFA, DH et recruter intelligemment. On ne va pas faire n'importe quoi.

Quelles relations entretenez-vous avec Richard Déziré, votre entraîneur ?

Je m'entends bien avec lui. J'ai du respect pour ceux qui travaillent, c'est le cas de Richard. Ce qui me gêne, c'est quand je me lève à 6 h 30 pour aller au boulot et que des gars se réveillent à 11 h. À 61 ans, j'ai parfois l'impression d'encore gagner ma vie pour donner de l'argent à des mecs, joueurs ou entraîneurs, qui se foutent de ma gueule.

Ce n'est pas le cas de Richard Déziré.

Non, on ne reste pas 11 ans dans le même club sans être compétent et rigoureux.

« Le foot devient de moins en moins beau »

Et vos joueurs ?

Ils ne sont pas tous dans la vraie vie.

Peut-on parler d'enfants gâtés, même à ce niveau-là ?

Bien sûr même si ce n'est pas forcément le terme approprié. La plupart d'entre eux n'ont pas connu autre chose donc ne se rendent même pas compte de la chance qu'ils ont. Quand tu leur dis qu'il faut arriver à l'heure, ils te répondent qu'ils n'ont que deux minutes de retard, que ce n'est pas grave. Je n'ai jamais joué en équipe première parce que je n'étais pas un bon joueur mais si j'en avais eu l'opportunité, je serais venu à l'entraînement à pied. Mais quand je dis tout ça, je passe pour un vieux c...

Des gens plus jeunes, entraîneurs ou même joueurs expérimentés, pensent la même chose...

Il y a un gros décalage entre le foot d'aujourd'hui et celui d'il y a 20 ans. À l'époque, il y avait moins de différence d'âge entre moi et les joueurs. Quand on revenait de déplacement, on buvait un coup ensemble. Ils gagnaient des primes et les dépensaient au restaurant. Aujourd'hui, ils ne veulent même plus bouffer (sic) ensemble. Pourtant, quel bonheur d'échanger, de refaire le monde autour d'un bon steak ! Le football, dans son ensemble, devient de moins en moins beau. Quand je vois que Monaco dépense 7 fois le budget de Malherbe pour s'offrir un seul joueur...

Vous êtes un président fatigué ?

Président d'un club de foot, c'est lourd. Il y a toujours des petits problèmes à régler. Le président doit dire merci à tout le monde et, à l'inverse, jamais personne ne le remercie. Oui, je suis lassé. Je cherche une porte de sortie mais je ne veux pas quitter le bateau comme ça. Dès que je trouve quelqu'un, je lui passe la main. Mais ce n'est pas facile.

Cherbourg descend en CFA, Granville en DH, qu'est-ce que cela vous inspire ?

Je regrette ce qui se passe chez nos voisins. Il y a des gens me demandent si je me réjouis de ce qui arrive à Granville. Je m'en fous, ça ne me fait ni chaud ni froid. Je trouve simplement que c'est un beau gâchis parce qu'il y a des dirigeants motivés, des gens qui ont mis en place des choses intéressantes.

 

Clément HÉBERT.